Vendanges tardives !
Une parcelle de quarante ares de cabernet franc n’avait pas été récoltée. Ses vendanges tardives hier promettent une cuvée originale et d’exception.
Non, ce n’est pas un poisson d’avril ! On a bel et bien vendangé, hier, au lieu dit « Danzay », à Beaumont-en-Véron. Et ce n’était pas un quelconque cépage hybride mais bel et bien du cabernet franc. Qui plus est, avec des ceps bien chargés de grappes étonnamment bien conservées.
L’histoire est peu banale. Elle commence au château de Danzay, niché au milieu des vignes à Beaumont-en-Véron. C’est là que, suite, semble-t-il, à un différend avec un prestataire, une parcelle de 40 a n’a pas été vendangée cet automne. Les raisins sont restés sur les ceps solides de cette vieille vigne bien située dans l’appellation.
La présence de ces grappes non récoltées n’a pas manqué d’intriguer Martine Budé, viticultrice d’origine flamande qui s’est installée, depuis 2015, à quelques centaines de mètres de là, au Clos de la Niverdière, où elle bichonne ses premières cuvées avec passion.
Se promenant régulièrement dans les environs, cet ex-architecte d’intérieur reconvertie dans la viticulture, milieu dans lequel elle baigne depuis près de vingt ans, Martine Budé n’a pas eu de mal à convaincre la propriétaire de la parcelle de la laisser s’occuper de cette vigne. L’analyse des raisins s’est avérée encore plus prometteuse qu’il n’y paraissait déjà.
« Les grappes sont belles et fournies et elles ont profité du soleil de l’arrière-saison en cette année 2015 déjà très intéressante. Il y a même eu, dernièrement, quelques belles gelées qui ont apporté un peu de pourriture noble, ce qui donne un résultat surprenant », commente la viticultrice au milieu de la douzaine de proches venus l’aider à cette vendange historique d’un 13 décembre.
“ Du jamais vu en 41 ans ! ”
Son presque voisin, Francis Audebert, du manoir de la Courtinière, n’en revient pas, lui non plus : « Ca fait 41 ans que je suis dans le métier, et je n’ai jamais vu ça ! » Les raisins titrent 15,5 degrés et sont bien sucrés, promettant une ou des cuvées rares. Vu le délai de récolte, le vin ne pourra pas avoir l’appellation chinon, mais fera un touraine insolite : « Il devrait y avoir entre 10 et 15 hl. Je vais en faire d’abord un rosé, et peut-être un moelleux. » Un peu comme les « cuvées vendanges tardives » de certains vignobles.
En tout cas, Martine Budé en a déjà les yeux qui brillent, ravie de cette opportunité insolite : « Si on ne fait pas ce métier avec passion et un grain de folie, ce n’est pas la peine de se lever le matin. »
Hier, elle était déjà à l’aube sur la parcelle et va, durant des mois, suivre l’évolution de cette cuvée très spéciale !
Article visible sur la Nouvelle République du 14 décembre 2016 : ici